top of page

La programmation participative

Formaliser des possibles spatiaux par l'identification des gestes

UN PROGRAMME D'USAGE ?

Le programme architectural permet de définir de manière précise les espaces que l’architecte devra concevoir et constitue un élément de contractualisation dans l’acte de bâtir. L’expression de la demande – le programme, cahier des charges pour l’architecte - se réduit souvent à une liste de pièces et de surfaces calculées en fonction de ratios préétablis ; il se contente souvent de prévoir les flux de personnes, de matériel et de marchandises afin d’optimiser l’organisation générale de l’établissement, ce que l'on nomme programme technique détaillé.

Or, l’architecture est « l’art d’organiser l’espace pour permettre le jeu des différentes fonctions sociales et assurer l’épanouissement de l’homme ». Cela requiert de se focaliser sur les intentions sociales (ce que l'on veut donner à vivre), de se poser des questions avant d'apporter des réponses. Ainsi, la programmation d’usage dépasse l'approche fonctionnelle, dans l'optique de définir des espaces à partir des gestes et des pratiques, du vécu et des représentations. Le programme devient alors le support écrit caractérisant les espaces et les possibles des futurs usagers.

 

Un processus de co-construction

Mettre la dimension humaine au cœur de la démarche de conception nécessite une approche par l’expérience d’usage, basée sur l’immersion et l’observation in situ. Cela nécessite également de co-construire les solutions avec l’ensemble des parties prenantes, au premier rang desquelles les personnes concernées. La programmation participative est une démarche interactive et itérative, qui part des problématiques de terrain et des aspirations et besoins des usagers avec une absence d’a priori sur la (les) solution(s) à déployer. Une multitude de réponses innovantes émergent tout au long d’un processus itératif (organisations spatiales, aménagements, nouvelles pratiques d’accompagnement, …). Cette proposition est une déclinaison du principe de « design social », actuellement promu par la CNSA pour encourager acculturation et l’innovation dans le secteur médico-social.

En intégrant les usagers en amont du projet, il est possible d’aboutir à une conception architecturale étroitement liée à l’usage et au fonctionnement, innovante et adaptée, avec une amélioration de la qualité des solutions envisagées et de leur acceptabilité par rapport à une conception classique.

A partir de l'adoption d'un schéma directeur à l'issue de l'étude de faisabilité, la programmation architecturale peut être initiée selon la méthodologie suivante (à adapter selon les projets) :

  • Constitution d’un Comité de Pilotage composé de représentants de différents types d'usagers et des personnes décisionnaires, il est garant du respect des intentions initiales du projet à toutes les étapes. Le COPIL doit avoir une vision stratégique et prospective du projet. Il est alimenté dans sa réflexion par des apports théoriques sur les évolutions du secteur, ce qui se fait à l'étranger, l'état des connaissances scientifiques, etc.
     

  • Constitution d’un Comité d’Usage qui co-définit les espaces du projet ainsi que leurs caractéristiques en fonction de la manière dont ils souhaitent, après un temps de formation sur la question de l'espace, lors réunions de concertation thématiques construites généralement en fonction du statut des espaces après avoir exploré la répartition des fonctions sur le site. Ce temps de concertation est généralement un temps de remise en question des pratiques professionnelles, un outil dans la conduite du changement.
     

  • Formalisation du cahier des charges architectural composé généralement de :
    - Schéma de répartition des fonctions sur le site
    - Caractéristiques architecturales espace par espace
    - Tableau des superficies                                                                                                                                                            

  • - Définition des aspects opérationnels de l’opération (coût, planning prévisionnel)

  • Après validation, le programme sert de guide de référence et grille d'analyse pour le projet architectural à toutes les phases (conception, chantier et aménagement).

 

Nota : les solutions esquissées lors des premières réunions peuvent être remises en question dans les réunions suivantes avec la prise en considérations de nouvelles données. Le programme se construit alors peu à peu et évolue au gré des rencontres, s'enrichissant chaque fois davantage. Ce jeu de va-et-vient entre les différents espaces et échelles constitue le travail itératif de la programmation d’usage.

Aux sources de la méthode

Notre méthode d’élaboration du programme est basée d’une part sur les méthodes de programmation générative, aboutissements du programme de recherches CUH (Conception et usage de l’Habitat – 1983/1989) menés dans le cadre du PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) et d'autre part sur la méthode de programmation participative pour l'habitat des personnes âgées mises en place dans le cadre du programme SEPIA (Séchet, 1992). Ces recherches et les méthodes qui en découlent cherchent à maximiser – au travers de la participation des usagers, des concepteurs et des maîtres d’ouvrages – l’adéquation entre la demande des futurs habitants et la qualité d’usage des espaces construits. Elles sont une opportunité de collaboration entre architecture et sciences humaines et sociales pour des modes d'habiter "durables" (Zetlaoui-Léger, 2015).

Ces outils portent en eux certains éléments qui constituent aujourd’hui une partie du Design Social.

 

 

Qu'est ce que le design social?

Une vidéo explicative réalisée par l'agence de design social La Bobine

bottom of page