top of page
iStock-912846392 BD.jpg

La domesticité :

condition de l'habiter en institution

 

Percevoir la domesticité d’un lieu est avant tout une question d’ambiance, notion qui peut être considérée comme un support à partir duquel le monde sensible se configure au quotidien (Thibaud, 2002). L’environnement mobilise nos modalités sensorielles et c’est à partir de celles-ci que nous percevons et donnons un sens à ses attributs. L’odeur et les parfums (de la maison, du linge, de la cuisine, etc.), les sons et les bruits (la radio, le rire des enfants, etc.), la luminosité (variable en fonction des lieux et du moment de la jour- née), l’univers tactile (du bois, du tissu, du cuir, du verre, etc.) et la chaleur (thermique) y participeront et seront déterminants de l’identité du lieu. Cependant, aussi nécessaires soient-ils, l’ambiance et l’aspect domestiques d’un lieu sont insuffisants pour la constitution d’un véritable chez-soi (Charras, Eynard et Viatour, 2016). Seuls, ils peuvent au mieux composer un décor.

L’espace doit également être le support d’une vie et de pratiques afin d’en faciliter son appropriation par ses usagers (Charras et al., 2012 ). Au-delà des murs et du mobilier, la maison est un enchaînement de pratiques quotidiennes et de valeurs (Rautenberg, 1989), où se déroule la vie ordinaire, constituée d’actes quotidiens automatiques et peu conscientisés (Bargh, 1997).

Enfin, l’univers domestique repose également sur une dimension spatiale et proxémique spécifique : celle du corps (Staszak, 2001) et celle de la distance interpersonnelle (Hall, 1971). Cette dimension est de l’ordre du mètre. Habiter nécessite de trouver et d’entretenir les bonnes distances entre les personnes qui vivent sous le même toit : trop près, c’est inhabitable en raison de la promiscuité; trop loin, la distance ne permet pas la rencontre et c’est l’indifférence qui s’installe (Besse, 2013). 

Les objets et les espaces construits sont signifiants par leur image de notre identité, de notre rôle et de notre statut (de Botton et Aoustin, 2009 ; Getzels, 1975) et reflètent la représentation que ses concepteurs (designers, architectes) ont des personnes pour les- quelles ils les ont crées.

bottom of page